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Psychiatrie nutritionnelle, une discipline digne d'intérêt
Marine Cygler
26 juillet 2023
Paris, France – « Traditionnellement, les psychiatres et la psychiatrie ne pensent pas à ce qu'il se passe sous le cou, comme si le corps et le cerveau étaient déconnectés », a lancé la Pre Felice Jacka (Université Deakin, Australie) lors d'une présentation à l'occasion des Journées Neurosciences Psychiatrie Neurologie (JNPN 2023) qui se sont déroulées les 29 et 30 juin derniers au Palais des Congrès à Paris.
En séance plénière, la pionnière de la psychiatrie nutritionnelle a fait le point sur cette discipline qui tend à accumuler des preuves sur l'impact de l'alimentation sur la santé mentale[1]. Elle s'est positionnée du côté de la science prévenant dès son introduction que la psychiatrie nutritionnelle n'était pas une médecine « complémentaire » ou encore « alternative » ou « intégrative ».
Meilleure alimentation et moins d'aliments ultratransformés
Partout dans le monde, les régimes traditionnels, c'est-à-dire sans produits ultratransformés et comprenant d'importantes quantités de végétaux, sont associés à une meilleure santé mentale. Ils diminuent de 30 à 35% le risque de développer une dépression selon une étude de 2018[2].
« C'est une association très forte qui est indépendante du niveau d'éducation, de revenus, de l'IMC et qui ne s'explique pas par une causalité inverse », commente la Pre Jacka. Elle a pris soin dans différentes études de vérifier que ce n'était pas la dépression qui entraînait un appauvrissement du régime alimentaire.
C'est une association très forte qui est indépendante du niveau d'éducation, de revenus, de l'IMC et qui ne s'explique pas par une causalité inverse.
Ce potentiel de protection contre la dépression est retrouvé chez les plus jeunes pour lesquels il y a une relation dose-réponse entre la qualité de l'alimentation pendant l'adolescence et la vulnérabilité aux troubles mentaux. Là encore, « cette association persiste même quand on prend en compte des facteurs de risque très importants comme l'environnement familial, les conflits familiaux et le statut socio-économique de l'adolescent », complète-t-elle.
Felice Jacka, qui est aussi la présidente de l’ International Society for Nutritional Psychiatry Research , désigne
deux paramètres qui constituent une « mauvaise alimentation » du point de vue de la santé mentale :
1.ne pas manger suffisamment de bons aliments (végétaux, légumes, fruits, céréales, légumineuses, noix et graines) et
2. au contraire avoir une alimentation comprenant une quantité excessive d'aliments ultra-transformés (AUT). Autrement dit, une bonne santé mentale nécessite du point de vue nutritionnel un régime avec de bons aliments et éviter les AUT.
« Les deux sont indépendants l'un de l'autre : si vous avez un bon régime mais que vous mangez une quantité importante d'AUT, ce n'est pas bon.
C'est une information importante pour les jeunes qui peuvent avoir une alimentation tout à fait saine à la maison mais pas du tout dès qu'ils sont en dehors du contrôle des parents », précise-t-elle.
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Lecture conseillée sur la neurodiversité:
Editions quanto
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